Culomba : Une passion corse

Culomba : Une passion corse

Une création d’Orlando Forioso, à partir de la nouvelle de Prosper Mérimée

Création : 5 mai 2007 – Théâtre Municipal de Bastia

Avec :

Culomba : Francine Massiani

Ors’Antone : Pierre Pasqualini

I Cunfratelli : A FILETTA (Jean-Claude Acquaviva, Paul Giansily, Max Vuillamier, Jean-Luc Geronimi, Jean Sicurani, Ceccè Acquaviva, José Filippi), al bandonéon Daniele di Bonaventura

Les âmes et les ombres de la Corse: Alexia Bertoni, Pierre Bertoni, Dominque Bianconi, Marc Costa, Giorgio Di Costanzo, Michel Fondacci, Jean-Temir Kerefoff, Marie-Clarisse Mattei, Antonia Noesen, Jean-Pascal Preger-Lanzi, Nicolas Repain, Stephane Serra,  Jacky Quilichini, François Wernerus.

Décors et costumes : Jérôme Casalonga

Régie générale : Marc Lamerant

Coordination costumes : Mireille Boucher

Réalisation : Teatro Stabile di Sardegna et Sartoria Farani – Roma

Photos : Jean-Marie Colonna

Musiques : A FILETTA et chants traditionnels de la Semaine Sainte

Assistent à la mise en scène : Giorgio Di Costanzo

Organisation : Valérie Salducci

Mise en scène : Orlando Forioso

Une prodution: TeatrEuropa en co-production avec U Svegliu Calvese, avec le soutien de la Collectivité de Corse

LA CREATION

Orlando Forioso nous présente ici, une Colomba dépouillée de tout oripeau et préjugé, une Colomba loin d’une vision stéréotypée, mais plutôt proche d’une tragédie grècque. Un chœur d’une trentaine d’acteurs et actrices, guidés par A Filetta, se meuvent dans les méandres des tourments de cette jeune femme et des rites de la Passion. Il s’agit d’un double parcours dramatique, laïque et religieux, qui se déroule et se noue dans cette nouvelle version théâtrale, récitée et chantée. Les temps de la narration de Mérimée sont décomposés, pour laisser place à des « cadres » d’actions qui se déroulent dans un même temps, telles de grandes fresques de la Renaissance : la fusion du plomb, les Anglais, la chemise du père, les courses à travers le maquis, les chevaux, le français d’Ors’Antone… Comme une nouvelle Electre et comme un nouvel Oreste, le frère et la sœur se retrouvent au cœur d’actions et de doutes, de décisions et de réflexions, tandis qu’au village, la vie s’écoule, au rythme des rites de la Semaine Sainte. D’un coté le pardon, de l’autre la vengeance. La tragédie de la fin n’efface pas la fréquence du rite,  le rite de Colomba, poussée par un destin qui semble inéluctable et dévastateur. Mais dans la Passion la Résurrection relance la vie: ainsi l’espérance réduit l’évènement à un minuscule fragment de la mémoire. En fait le spectacle commence par la fin de l’histoire, à Pise, où se retrouvent les survivants à ces tragiques évènements. Teatreuropa présente toujours ses spectacles dans un contexte de plurilinguisme  lié à des choix artistiques; il en sera de même dans Colomba où alterneront français, anglais, italien et latin, en un laboratoire européen de langues et langages théâtraux. Un grand spectacle populaire qui unit  tradition et création,  où le chant  s’insinue dans les dialogues et dans les monologues en tant que voix d’un peuple, en tant que voix d’une île, enfin, en tant que voix d’un désespoir méditerranéen qui tente de résister  à toutes les prédominances.

SCENE ET COSTUMES

Pour cette mise en scène, Orlando Forioso à choisi d’éviter le folklore qui accompagne, dans la mémoire, le personnage de Colomba, ses actions et son univers. C’est à partir de cette idée que Jérôme Casalonga a commencé à travailler à un décor qui évite tout réalisme: à la pesanteur des pierres des villages corses, s’oppose la légèreté des voiles d’un navire, le bateau Corsica, qui , en mouvement continu, avec l’aide de projections de couleurs ou des dessins caravagesques de Ernest Pignon-Ernest, suggèrent ruelles, forêt, intérieur de maison, rêve et cauchemar. On passe ainsi, dans la narration, du passé au présent, comme dans un scenario de cinéma. Les costumes vont aider à l’évocation des âmes et des ombres d’un XIXème  siècle réinventé,  comme il arrive que l’on réinvente les ambiances et les costumes des tragédies grecques.

LES ARTISTES

La distribution des rôles de cette pièce révèle une forte présence d’acteurs, d’actrices et de chanteurs balanins. Le travail de formation théâtrale réalisé par le metteur en scène italo-napolitain, Orlando Forioso, durant ces dernières années au sein de l’association U Svegliu Calvese, a généré une compétence professionnelle, surtout parmi les nouvelles générations. La conviction, avec laquelle un des groupes phare de la polyphonie en Corse, A Filetta, s’est engagé dans cette nouvelle voie, marque de son sceau cette nouvelle entreprise: Don Juan, Marco Polo, A Passione, Il gioco di Robin e Marion sont les points forts de cette collaboration. Les artistes amateurs participant aux stages d’Orlando Forioso, depuis maintenant sept années,  sont devenus des professionnels à part entière. A ceux-ci, viennent s’ajouter de nouveaux venus, comme, par exemple, l’héroïne de cette nouvelle création: Francine Massiani. A travers la création de Culomba, una passione corsa, tous sont confrontés à la naissance de nouveaux personnages, qui sont comme autant d’âmes et d’ombres d’une Corse, dont l’aventure, au sein de la France, commence

LA MUSIQUE

Le choix de vouloir créer une œuvre dramatique, à partir de la nouvelle de Prosper Mérimée, en situant l’action pendant la Semaine Sainte, en Corse, nous a donné tout de suite l’ ossature musicale de Culomba, una passione corsa.Les chants traditionnels des Confréries se mêlent aux créations de Jean-Claude Acquaviva pour A Passione de Calvi. Dans cette musicalité religieuse, vont s’intégrer les chants laïques qui vont aider à l’évocation de lieux ou des émotions en jeu. La présence de Francine Massiani redonne à Culomba cette connaissance de la culture corse a travers ses lamenti, ses berceuses, ses ballades. Le groupe A Filetta, présent sur scène en tant que Confrères de la Semaine Sainte, vont donner à ce spectacle la forme de théâtre musical.

SYNOPSIS

La scène vide voit apparaître une Culomba de blanc vêtue, et dans le noir, le vieux Barricini. On est à la fin de l’histoire et Culomba revendique ses actions face à son ennemi. Des coups de fusil ramènent l’histoire dans le passé, au moment de l’assassinat du père de Culomba. Tandis que les femmes  pleurent sa mort tragique, Culomba lui retire sa chemise sanglante et la dépose dans le coffret où il tenait ses médailles militaires. A la scène du passé et du futur s’ajoute le présent avec l’arrivée du bateau qui amène le frère et ses hôtes anglais. Lydia et son père sont les témoins étrangers d’une Corse qui commence à devenir française. Les quatre personnages tissent des liens à table, et autour d’un repas, chacun d’eux nous présente sa langue, sa culture, ses convictions, ses doutes. En contre point, dans le village de Pietranera, les rites de la Semaine Sainte vont commencer. Le nouveau Préfet assiste à l’habillage des Confrères dont le prieur est l’avocat Barricini. Ils annoncent la nouvelle de l’arrivée d’Ors’Antone della Rebbia. Culomba, qui a obtenu du Colonel anglais, un fusil pour son frère, lui fabrique les cartouches comme on prépare un repas de mort. Le Préfet au terme d’une enquête, s’inquiète du retour du jeune homme  . Orso discute avec sa sœur, il est préoccupé au point que la nuit il fait un cauchemar, dans lequel apparaissent autour de son père, les personnages dont on vient de faire connaissance. Culomba, seule dans sa chambre, cesse de personnifier  la vengeance, redevenant la petite fille qu’elle est restée. Les chutes du Christ pendant la procession correspondent aux chutes d’Orso vers son destin final. Le Préfet essaie, sur le conseil des Barricini, père et fils, de trouver un faux assassin mais les témoignages de deux bandits réduisent ce plan à néant. Orso va vers le précipice désigné par sa sœur. Un Christ en croix signe la fin de la Passione d’Orso et les derniers instants de ceux qui ont volé  la vie de son père. Deux coups de fusil mettent fin à un guet-apens dans lequel était tombé Orso. Culomba est arrivée à ses fins et fatiguée, elle peut maintenant reprendre sa vie de petite fille et se réapproprier ses rêves.

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